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.: Morphologie du golfe du Morbihan vers -5000 :.
Morphologie du golfe du Morbihan vers -5000, au début du néolithique armoricain.
Cette carte a été réalisée en décalant la bathymétrie de 10 mètres et en y incorporant qualitativement les phénomènes de sédimentation et de surcreusement
Au néolithique, un impressionnant mascaret devait remonter le golfe.
Au néolithique, la baie de Quiberon était fermée au sud par l’ensemble « Houat – Hoedic » et parsemée de nombreuses petites îles aujourd’hui submergées, c’était le Golfe du Morbihan du passé.
Evolution du niveau moyen des eaux et de la température moyenne.
Remarque sur le toponyme Gavrinis
La traduction littérale de Gavrinis pourrait être l'île de la chèvre ; mais c'est un piège de la toponymie car il s'agit d'un nom ancien qui ne peut s'expliquer directement par le breton moderne.
Il existe un radical vieux-celtique Govero qui est associé à l'idée de torrent encaissé, de ravin, de tourbillon caché Cf. le français gouffre, ou encore gavre (gavre de Pau) Or l'île de Gavrinis domine le chenal de la rivière de Vannes qui traverse le Golfe, précisément à l'endroit où il est parcouru par les courants de marée les plus violents (D’après Charles Tanguy Leroux).
DEFINITION DU NEOLITHIQUE
Le néolithique est une période de l’histoire qui c’est étalée sur environ 30 siècles nous dirons pour faire simple de 5500 à 2500 AV JC. Ces dates ne sont valables que dans nos régions, au proche orient, la séquence démarre bien plut tôt, aux alentours de 10000 BP et au milieu du siècle dernier, vivaient encore, dans des endroits reculés de la planète (Iryan Jaya……) des populations de type néolithique d’ou l’importance lorsque l’on s’occupe de chronologie préhistorique de préciser la région géographique à laquelle elle s’applique.
Le néolithique est caractérisé par un changement de méthode de production, l’on passe d’une économie à dominante prédatrice (chasseur-cueilleur) à une économie de production (Culture et élevage), impliquant le plus souvent une sédentarisation partielle. Encore faut-il se garder de trop simplifier Par exemple, en Bretagne, sur la presqu’île de la Torche on trouve associé à un faciès nettement mésolithique (Période antérieure au néolithique) des ossements de petits bovidés domestiques.
Au néolithique, est le plus souvent associe 2 technologies :
le polissage total ou partiel d’un sous ensemble de l’outillage lithique et la céramique (encore que l’on connaisse des cultures paléolithiques qui polissaient leurs outils et cuisaient leurs figurines de terre, réciproquement les premières cultures néolithiques sont dites « précéramique ou acéramique »……comme quoi rien n’est simple !!!!!),
Une précision qui a son importance, il est aussi absurde de parler des « néolithiques en général » que « des français de Vercingétorix à jacques Chirac ». De la même façon qu’on ne peut mélanger trouvères et groupes de rock, ou encore légion romaine et légion étrangères (distante de quelques 2000 ans), on ne peut parler avec les mêmes mots du VSG et du campaniforme (distante de 3000 ans). L’environnement naturel n’était pas identique, ce n’était pas les mêmes outils, pas les mêmes poteries, leurs habitations étaient différentes, L’architecture monumentales avait évoluée et il vaut mieux ne rien dire de leurs structures mentales…
NEOLITHISATION DE LA BRETAGNE.
Le néolithique du monde occidental trouve sa source au proche orient, les théories qui faisaient état de multiples néolithisations locales sont maintenant abandonnées, toutes les informations que l’on possède montre une continuité culturelle depuis l’orient. De plus, les ancêtres « sauvages » des ovi-caprinés des premiers éleveurs, vivaient en Anatolie et dans le croissant fertile, il en est de même des céréales sauvages qui ont données naissance aux espèces modernes (La botanique, collection archéologiques aux éditions Errance. Jean Guilaine cours au collège de France).
Le néolithique a progressé vers l’ouest par plusieurs processus.
Il y eu bien sur des migrations de populations pratiquant l’agriculture et l’élevage, Mais il y eu aussi acculturation des populations mésolithiques, qui ont peu a peu adoptés les méthodes de productions de leurs voisins. Les dernières recherches montrent que les rapports entre les chasseurs cueilleurs et les premiers agriculteurs furent loin d’être pacifiques, la vision Rousseauiste du bon sauvage est sans doute a mettre dans le sac à fantasmes (Lawrence Keeley in war before civilization 1996 Oxford University Press)
Le néolithique a atteint l’Europe occidentale par 2 voies, une voie méditerranéenne et une voie Danubienne
Voie Méditerranéenne
Les Néolithiques cardiaux, du nom du coquillage qui servait a décorer les poteries, maîtrisaient la navigation (première occupations pérenne de la Corse et des iles méditerranéennes), nous ne connaissons que très peu leur structures d’habitats
Voie danubienne,
Le néolithique danubien est caractérisé par des maisons de plusieurs dizaines de mètres de Longueur, souvent de forme légèrement trapézoïdale qui n’est pas sans rappeler celle des premiers tertres tumulaires
Les premières traces d’un néolithique non monumental autour de ce qui deviendra le golfe du Morbihan sont antérieures au VI ieme millénaires (pollens de céréales recueilli dans la tourbière fossile de la pointe de Kerpenhir en Locmariaquer), sources L'HELGOUAC'H J. et Al. In Rev. archéol. Ouest ISSN 0767-709X
C’est la culture danubienne, dans son dernier avatar dite « culture de Cerny » qui donnera naissance au mégalithisme Morbihannais dans le deuxième quart du Vieme millénaire
Mégalithes du golfe du Morbihan
Il faut être conscient que les mégalithes que nous voyons aujourd’hui ne représentent probablement qu’une infime partie de ceux qui ont existés.
La disparition des monuments est due :
-Aux néolithiques eux même
Iconoclastie et réutilisation de stèles au néolithique moyen, par exemple à Locmariaquer, à Arzon et peut être à l’Ile aux moines (L’Helgouach et J. Lecornec CNRS UMR 6566, civilisation atlantique et archéosciences).
Destruction ou obturation de certains dolmens à la fin du néolithique (le couloir de Gavrinis fut complètement remplis de pierres, les superstructures de bois à l’entrée furent brûlés, le cairn fut recouvert de terre et de vase (Ch. Tanguy Leroux CNRS UMR 6566)
-A la remonté du niveau des mers
Le Cromlech d’Er Lannick, actuellement à moitié submergé
Le reste de nombreux alignements trouvés par Serge Cassen (CNRS UMR 6566) en zone intertidale à l’est de la presqu’île de Quiberon.
-Aux travaux agricoles : Nombreux monuments disparus à l’île aux Moines, en référence au premier inventaire dont nous disposons (recherche de l’abbé Jean Evenou)
-A l’action la Christianisation
Destruction des alignements de Monteneuf à l’époque carolingienne (Y. Lecerf CNRS UMR 6566), Christianisation de divers menhir (Locmariaquer)
- A l’utilisation de certains monuments comme carrière. A l’époque moderne : Cairn de Barnenez, ou à l’époque gallo romaine (cairn de la table des marchands).
A l’urbanisation :
Stèle incorporée dans un mur devant l’ancienne boulangerie de l’île aux Moines.
Menhir situé sous une maison au sud de l’actuel cromlech de Kergonan
Une étude sur la disparition des mégalithes du nord de l’Europe, dont on avait un inventaire remontant au XVIII siècle, montre qu’aujourd’hui plus de la moitié des monuments existant au XVIII ont disparus.
Les monuments restant ne sont donc pas représentatifs de la cartographie néolithique, ce qui rend caduque les différentes explications astronomiques. Il est de plus à noter que dans la région du golfe du Morbihan nous ne connaissons que peu de sites d’habitats, la plupart de ceux-ci ont été engloutis à l’age du bronze, à la fin de la transgression Flandrienne.
Les Monuments que nous connaissons ne sont pas contemporain entre eux
Les premiers monuments date d’avant -4600 (Tertre prémégalithique du Petit Mont à Arzon, sur un Horizon « Cerny » J. Lecornec
Les derniers Dolmens sont du néolithique recent-final,-3000 à -2500. (Dolmen coudé des pierres plates à Locmariaquer et peut être dolmen du goret).
Entre ces deux époques il y a eu : les tumulus Carnacéen (saint Michel), l’alignement de la vingtaine de stèle de Locmariaquer (dont seul reste visible le grand menhir couché), les tertres long style Er Grah à Locmariaquer et enfin la construction de la table des marchands et du tumulus de Gavrinis. On sait que ces deux derniers monuments sont postérieurs à l’alignement des grandes stèles car, une de celles-ci a été débitée pour servir de dalle de couverture à la table des marchands et au tumulus de Gavrinis (les lignes de fractures correspondent ainsi que la gravure des deux grands bovidés, dont une partie est a Gavrinis et l’autre à Locmariaquer) Ch Tanguy Leroux.
Les monuments ont été utilisés et transformés à différentes époques
L’exemple le plus flagrant est le tumulus du Petit Mont en Arzon.
Avant -4600, construction d’un long tertre bas
Vers -4500 le cairn 1, sans chambre ni dolmen (une chambre est une sépulture ferme comme au Mané Er Hoerk , un dolmen est une sépulture ouverte).
Vers -4000-3500 le cairn 2 est construit, il intègre un dolmen à couloir
Vers -2700-2500 le cairn 3 englobe des cairns 1 et 2. Le dolmen du Cairn 2 devient inaccessible et invisible . Création de deux nouveaux dolmens à chambre simple, les dolmens 3 et 4.
Exemple du dolmen à couloir de Pen Hap
Ce dolmen est construit a l’extrémité d’un long tertre, actuellement protégé par des arbustes , ce tertre a été fouillé au début du xx siècle. Les trouvailles se sont limités a un peu de matériel lithique et a quelques tessons de céramiques, allant du néolithique moyen au néolithique récent.
Sur le pilier de gauche, à l’entrée du monument, on peut voir une « hache charrue » (dénomination commode pour cette gravure commune du néolithique dont on ne sait en fait si c’était une hache ni si c’était une charrue ! Serge Cassen a même proposé dans, d’y voir ….un cachalot, (Cassen et Vaquero in élément d’architecture, 2000 édition chevinoise).
Il faut savoir que ce pilier était à l’origine du monument recouvert par un cairn semblable a celui du Petit Mont ou de Gavrinis, donc ne pouvait être vu. D’où l’hypothèse qu’il provient d’une ancienne stèle dressée, abattue et réutilisée au néolithique moyen. Il en est de même du menhir couché à proximité du dolmen dont on a fait le linteau manquant du couloir , mais qui est plus probablement une stèle abattue par les néolithiques eux même (Présence d’une fosse de calage à proximité immédiate).
Exemple du cromlech de Kergonan
Cette enceinte mégalithique est difficilement datable (Pas de vestige organique ni de tesson de poteries), le socle rocheux étant très proche, il n’y a pas de stratigraphie utilisable, de toute façon le terrain a été livré a l’agriculture pendant plusieurs millénaires. La typologie du monument le ferait remonté au néolithique moyen, comme celui d’Er Lannick ou l’on a trouvé de nombreuses structures au sol et des milliers de tessons de poterie de type Castellic (Fouille Dr de Closmadeuc). A proximité du Cromlech de Kergonan, un menhir couché recouvert par….une maison. A noter qu’il existait peut être un deuxième cromlech sur l’île, en effet, sur la pointe de Brouel on trouve encore quelques pierres dressées, quasi jointives. A proximité, il y a des fosses de calage d’autres pierres.
Qu’a-t-on trouvé dans les chambres funéraires?
Voici l’inventaire de la chambre inviolé du Mané Er Hroek (fouille du début du XX ieme siècle) :
Anneau-disque en jadeide des alpes (confirme, si il en était besoin l’existence des cette époque d’un commerce longue distance, d’autres exemples existent : Circulation ouest européenne des silex de Plussulien , cotes d’Armor et surtout, circulation européenne des lames en silex blond du Grand Pressigny, sans compter les outils en obsidiennes trouvés à plusieurs centaines de kilomètres des zones volcaniques)
Pendeloques en variscite
11 haches en jadeide
90 haches en fibrolite.
Direction actuelle des recherches
Entre autre…….
Mise en évidence de gravures peu visibles (Serge Cassen en utilisant un éclairage monochromatique rasant a trouvé des dessins en arbre de noël sur certaines pierres.)
Préciser l’apport des sociétés mésolithiques dans le mégalithisme atlantique.
Trouver des traces de pigments à l’intérieur des dolmens, comme dans le nord ouest de l’Espagne, dans le tumulus de Dombate et au Portugal à Anta da Arquinha da Moura (DEVIGNES M et al.in Archeologia 304 1994)
Note sur les explications astronomiques des ensembles mégalithiques
Si il est incontestable que certains dolmens sont orientés vers des directions solsticiales, il est beaucoup plus délicat d’extrapoler cela à d’autres monuments, cromlech ou alignements de pierres, même si des coïncidences troublantes existent. N’oublions pas que nous avons à notre disposition qu’une petite partie des monuments qui ont existés , et que nous devons prouver qu’ils sont contemporains avant de les utiliser dans nos calculs .
P-R GIOT écrivait « il y a quelque chose d’astronomique dans la disposition de beaucoup de site, mais il ne faut peut être pas en voir partout ni trop développer, à ce sujet, on peut rester constructivement septique et sympathique a la fois (in la préhistoire de la Bretagne aux éditions Ouest France)…
Hervé Créquer
Article écrit par Hervé Créquer le 22/03/2007 (lu 11700 - catégorie : Histoire) -
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